Histoire du Soay

Le Soay est une race primitive de moutons, qui a su préserver ses caractéristiques ancestrales. Le Soay est très proche du mouton "primaire", c'est à dire celui qui côtoyait l'humain il y a 2000 à 3000 années, avant que ce dernier n'ait eu l'idée de "mérinoser" le mouton dans la perspective d'une laine plus blanc que blanc.

Certains moutons furent alors déposés par quelques nations nordiques, Vikings sans doute, sur des îles volcaniques à l'ouest de l'Écosse actuelle: la petite île éponyme de Soay notamment (So-ay, ou Sauda-ey, signifiant simplement "île aux moutons" en vieux norrois). Il s'agissait de s'assurer un garde manger auto-renouvelable et toujours à disposition.

Incapables de quitter cette île d'à peine 1 km², les moutons y sont restés depuis, avec une interaction humaine marginale voir inexistante, sans prédateurs, et la sélection naturelle œuvrant à rendre chaque génération plus résistante aux aléas climatiques, aux températures extrêmes et à une végétation peu abondante. Ces conditions peu favorables entraînent, sur l'île, une mortalité pouvant atteindre jusqu'à 80% du troupeau certains hivers. Cette pression évolutive a permis de préserver les traits "sauvages" associés à la survie dans un environnement agressif, et favoriser les individus les plus résistants à l'adversité et les plus aptes à se régénérer rapidement.

Ce n'est que récemment, puisque dans les années 1950, que les moutons de Soay ont été réintroduits sur le continent. Il s'agit donc d'une race dite "férale" (espèce domestiquée redevenue sauvage), à l'instar du mustang américain ou encore du dingo australien. Aujourd'hui, le Soay est sans nul doute la race de mouton européen la plus archaïque, puisque conservée sans évolutions majeures depuis l'Âge de Bronze.