Le Soay est particulièrement résistant à bon nombre de maladies, mais ce n'est pas non plus une machine infaillible, il peut connaître parfois quelques mauvais jours... Cette page présente un recueil de quelques troubles rencontrés chez l'ovin en général, et chez le Soay en particulier. Les informations présentées ici sont le fruit d'expériences propres, d'échanges avec d'autres éleveurs et de quelques recherches. Il ne s'agit en aucun cas d'un ouvrage à vocation médicale. En cas de symptômes inquiétants chez vos Soays, consultez votre vétérinaire - celui-ci sera à même d'établir un diagnostic fiable et prescrira le traitement le plus adapté en fonction du contexte.
L'Entérotoxémie résulte d'un déséquilibre de la flore intestinale, menant à l'augmentation soudaine et massive de bactéries de type Clostridium Perfringens. Cette bactérie est naturellement présente dans l'intestin des ruminants, mais produit des toxines lorsqu'elle se développe de façon anarchique. L'Entérotoxémie est une maladie foudroyante et fatale - l'agneau meurt dans les 2 à 6h des suites de l'intoxication sanguine. Cette pathologie touche principalement les agneaux de moins de 2 mois, mais peut parfois affecter des sujets adultes. Elle n'est pas contagieuse, mais plusieurs cas peuvent apparaitre en même temps, donnant ainsi l'impression d'une forme épidémique - ceci s'explique simplement par le régime commun dont bénéficie l'ensemble des animaux.
Symptômes: animal retrouvé mort subitement et sans signes cliniques précurseurs, l'abdomen peut être légèrement ballonné, une mousse blanche apparait fréquemment post-mortem autour de la bouche et des narines. Les reins deviennent mous et pulpeux. L'entérotoxémie touche souvent les plus beaux agneaux en premier lieu.
Cause: Modification de régime ou variation climatique soudaine, donnant lieu à un apport de protéines (mise à l’herbe, changement de régime, pousse d’herbe brutale...) ou autre évenement provoquant un déséquilibre soudain dans l'appareil digestif (vermifuge, antibiotique...).
Prophylaxie: Éviter, dans la mesure du possible, les changements brusques de régime chez les agneaux. Il existe un vaccin, mais son efficacité reste discutable. Il existe aussi des compléments supposés faciliter la mise à l'herbe.
Le piétin est une maladie de la peau rencontrée chez les ovins, caprins et bovins. C'est une maladie bactérienne qui attaque l’espace situé entre les onglons, ainsi que la corne du pied. Il est plus fréquent chez les animaux qui marchent régulièrement sur un sol humide ou détrempé. Les onglons se ramollissent et laissent entrer les bactéries. Le piétin provoque boiterie, douleur intense et pourriture de l'onglon, jusqu'à sa séparation du pied. Les animaux infectés boitent au début, puis la douleur extrême les amènent à marcher à genoux ensuite. C'est une maladie extrêmement contagieuse, il est donc essentiel de détecter, isoler et traiter immédiatement tout animal présentant des signes de boiterie, même légère. Il est préférable de faire changer de parc les animaux non atteints pour 2 semaines, afin d'éviter la contamination par le sol (la bactérie survit au sol jusqu'à 12 jours en conditions favorables). Le traitement est long, complexe et fastidieux. La consultation vétérinaire est impérative.
Le Soay présente une grande résistance naturelle au piétin, il est donc peu probable que vous ayez l'occasion de l'observer. Les facteurs favorisants l'apparition du piétin sont les sols humides (pâture marécageuse ou bergerie mal entretenue) ainsi que les carences en zinc.
Prophylaxie: éviter de faire paître les bêtes en zone marécageuse, maintenez une bonne hygiène de la bergerie (paillage, chaulage), veillez au parage régulier des onglons, laissez à disposition des animaux un bloc de compléments minéraux contenant du zinc.
Pour en savoir plus sur cette pathologie de l'onglon, consultez la Fiche n° 6 "Le Piétin" de la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (publication: décembre 2004).
Le parasitage est la cause principale de mortalité chez l'ovin. Il existe trois groupes de parasites internes: les douves (foie), les ténias (intestins) et les strongles (estomacs, intestins, poumons).
Les douves: La douve du foie est un ver plat, parasite du foie. Très fréquente et très pathogène chez les ruminants, la douve se nourrit de sang et de tissus hépatiques présents dans les canaux biliaires. Son cycle de développement est d'une grande complexité, les larves passent d'abord par un escargot, pour ensuite atteindre la fourmi, que la douve reprogramme afin de bloquer l'insecte en haut des brins d'herbe par action sur ses mandibules, dans l'attente d'être ingérée par son hôte final, le ruminant. La douve provoque des retards de croissance relativement importants.
Le cycle très complexe de développement de la douve rend la prophylaxie de cette maladie particulièrement difficile, puisque l’élimination des hôtes intermédiaires (escargot et fourmis) n’est pas réalisable.
Il existe deux variantes de douves: la petite douve (Dicrocoelium dendriticum) et la grande douve (Fasciola hepatica). La première est présente plutôt sur les terrains sec, alors que la seconde affectionne davantage les terrains humides.
En l’absence de symptômes spécifiques, tout soupçon est à confirmer par des analyses coprologiques.
Les ténias: ce sont des parasites intestinaux pouvant atteindre jusqu'à 5 mètres de long. Les larves nécessitent un hôte intermédiaire: l'oribate (petite araignée terrestre). L'oribate se plaît dans les prairies acides, humides et fréquemment pâturées, et redoute la sécheresse. L'infestation par le ténia se manifeste surtout au printemps et à l'automne, principalement chez l'agneau.
Symptômes: agneau anémique, laine sèche et cassante, frisottée et des alternances de diarrhées, constipation et ballonnements. L'agneau présente un retard de croissance. L'immunité est acquise par l'agneau après un contact de deux à trois mois.
Les strongles: parasites du système digestif. En surnombre, provoquent des difficultés digestives et des lésions sur les intestins. Les strongles affectent surtout les agneaux dans leur premier été. Les symptômes sont en général peu marqués. Il est parfois possible de constater une diminution de l'état général de l'animal (amaigrissement, retards de croissance). Des épisodes diarrhéiques sont également possibles en cas d'invasion massive. Le Soay étant relativement résistant aux parasites digestifs, il n'est pas forcement nécessaire de vermifuger vos moutons préventivement contre les strongles. Certains vétérinaires le recommande néanmoins, quand bien même nous pensons que cela ait effet inverse à l'objectif visé, puisque le vermifugeage systématique inhibe la résistance naturelle de l'animal, le rendant ainsi davantage vulnérable d'une part, et favorise l'évolution de strongles résistants aux vermifuges d'autre part. En cas d'infestation massive la question ne se pose évidemment plus.
Un article remarquable traitant de la tolérance naturelle du Soay envers le parasitisme est paru en 2014 au journal PLOS Biology: cliquez ici.
Dans tous les cas, le meilleur moyen de limiter le parasitage, quel qu'il soit, est la pratique d'un pâturage extensif (c'est à dire avec une faible charge d'animaux par rapport à la capacité de production en herbe de votre pâture).
Il existe un certain nombre de parasites externes: tiques, aoûtats, sangsues, myiases... Le seul pouvant poser un réel problème sanitaire est l'infestation de myiases. Les myiases sont une pathologie provoquée par quelques espèces de mouches à larves carnassières. Les mouches pondent leurs œufs sur l'animal, généralement sur une plaie ouverte, une toison souillée ou encore à proximité de la vulve. Lorsque les larves éclosent, elles s'attachent aux chaires environnantes et s'en alimentent, causant ainsi des déstructions souvent conséquentes des tissus vivants de l'animal.
Les attaques de myiases sont extrêmement rares sur le Soay, dans la mesure où sa queue courte associée à la mue naturelle crée des conditions peu favorables au développement de cette pathologie. L'exception concerne les animaux blessés, dont les plaies ne sont pas désinfectées et refermées, ou encore les animaux atteints de fortes diarrhées - en période estival ceux-ci peuvent être victime d'une attaque de myiases.
Le traitement consiste à appliquer un insecticide à effet rapide dans un premier temps, puis procéder à l'extraction des larves (manuelle si les larves sont en surface, ou à l'aide d'une pince si elles ont migré en profondeur). Une antibiothérapie générale est souvent recommandée, possiblement renforcée d'un protecteur hépatique pour neutraliser les toxines générées par les larves.
Prophylaxie: Protection des plaies, prévention des diarrhées.
L'œil est un organe redoutablement complexe mais très fragile, et en même temps exposé aux aggressions extérieurs (foin, épines des haies,...). Les agressions génèrent des micro-blessures qui se referment généralement très vite et sans séquelles. Mais il peut arriver que quelques germes ou bactéries en profitent afin de s'installer, provoquant une inflammation de la cornée (kératite) ou de la conjonctive (conjonctivite), voir des deux (kératoconjonctivite). Une telle inflammation opacifie l'œil, rendant la brebis aveugle. Sans traitement rapide, cette cécité peut devenir permanente.
Il est recommandé d'isoler l'animal atteint, afin d'éviter une éventuelle contagion, bien qu'en général tout le troupeau soit de toute façon porteur des germes en question. La plupart du temps, les animaux sont des porteurs sains, mais certains sujets plus sensibles peuvent être atteints de manière épisodique.
Symptômes: Paupière gonflée, œil rouge et tuméfié, mouton qui se cogne aux arbres, aux clôture, et à ses camarades.
Traitement: crème antibiotique à base de chloramphénicol à appliquer sur l'œil atteint, 1 à 2 fois par jour. Injection antibiotique type oxytétracycline par voie intramusculaire toutes les 48h pendant 3 jours, éventuellement augmentée d'injections d'un anti-inflammatoire. Le traitement dure entre 3 et 5 jours.
Ce risque existe surtout quand les ruminants s'alimentent dans un verger en fin d'été, lorsque les pommes tombent en grande quantité. Le mouton serait alors susceptible d'ingérer, par gourmandise, une quantité de fruits non raisonnable. La toxicité est due à l'acide malique et à l'alcool issu de la fermentation.
Symptômes: dépression, troubles locomoteurs (ivresse).
Le cuivre est une molécule toxique pour le mouton. Ceci à cause d'une élimination particulièrement lente du cuivre. Les ovins absorbent le cuivre en fonction de la quantité de cuivre offerte et non en fonction de leurs besoins (comme c'est le cas pour d'autres minéraux). Tout excédant de cuivre est entreposé dans le foie, atteignant, à moyen ou long terme, un niveau toxique. En cas de stress (causé par le climat, une mauvaise alimentation, une maladie ou simplement une manipulation de l'animal), les cellules du foie peuvent libérer le cuivre dans le sang. Dans certains cas extrêmes (quantité de cuivre libéré importante), cela peut être fatal au mouton car le cuivre détruit les globules rouges de l'animal.
L'intoxication au cuivre est asymptomatique, jusqu'à ce qu'un épisode de libération dans le sang arrive. Alors, le mouton devient léthargique et ses membranes visibles jaunissent rapidement. Il n'y a guère d'espoir de guérison pour l'animal atteint. Lorsque un cas de décès dû à l'intoxication par cuivre est décelé, il est impératif de traiter immédiatement l'ensemble du troupeau - en effet, l'ensemble du troupeau bénéficie en principe de la même alimentation. Un traitement au molybdène pendant une période prolongée permettra de freiner l'absorption du cuivre en provenance du système digestif, donnant aux animaux une chance d'éliminer sur une période de plusieurs mois ou années le surplus stocké dans leurs foies. Une analyse vétérinaire est nécessaire pour déterminer la dose et valider le traitement.
En savoir plus: Consultez l'article "Empoisonnement chronique au cuivre chez les ovins", publié par le Ministère de l'Agriculture de l'Ontario (Canada).
La météorisation est un phénomène de fermentation excessive des aliments dans la panse du ruminant. Non traité, elle peut avoir de graves séquelles, voir entraîner la mort de l'animal dans les cas les plus graves.
Le traitement consiste à extraire les gaz en excès de la panse du patient. Si vous suspectez l'apparition imminente d'une météorisation (avant que les symptômes ne soient apparents), le charbon végétal peut constituer un traitement préventif efficace, le charbon ayant une action absorbante sur les gaz. Si la météorisation est déjà visible, il faut se résoudre à une intervention mécanique: de très bons résultats peuvent être obtenus en faisant ingérer une dose de mélange d'huile (2/3) et de vinaigre (1/3), par exemple via une seringue. Ensuite asseoir l'animal et lui appuyer avec une force insistante mais mesurée sur la pointe de la poitrine afin d'évacuer les gaz par un rôt. Dans les cas les plus avancés, seul le perçage en urgence de l'abdomen à l'aide d'un trocart donne une chance de survie au mouton.
Prophylaxie: ne donnez pas aux moutons d'herbe tondue (sauf à ce qu'elle soit séchée préalablement et dans les règles de l'art pendant 2 à 3 jours). Ne laissez pas des animaux qui ont très faim brouter une prairie: avant de les mettre au pâturage, offrez-leur d'abord du foin sec.
Il ne s'agit là pas d'une pathologie, mais d'une étape toute naturelle et normale, aussi malheureuse soit-elle, pour un mouton âgé. L'ovin meurt rarement de "vieillesse", il meurt en général... de faim. L'ovin dispose d'une dentition qui est certes robuste, mais qui est soumise à une sollicition importante et quasi continue. Avec le temps, les dents s'usent et finissent par tomber. Un mouton sans dents aura beaucoup de mal à s'alimenter, et ne survivra pas longtemps un tel régime forcé.
Si vous tenez absolument à prolonger la vie de votre animal pendant quelques mois, ou parfois quelques années, il est possible de le nourrir à l'aide de bouillies que celui-ci pourra avaler sans mastication préalable. La pulpe de betteraves déshydratées peut donner des résultats satisfaisants (ajoutez 1/3 de son pour équilibrer le niveau de calcium - la betterave est en effet très riche en Ca). Le pré alpin (foin coupé très fin) peut également constituer un aliment de fin de vie convenable, de même que le foin issu d'une troisième coupe, les brins étant fins et tendres. Indépendamment de l'alimentation que vous proposerez à l'animal, il est important de le faire pâturer le plus possible. Même s'il n'en tirera qu'un bénéfice alimentaire très relatif, l'action même de brouter lui procurera un réconfort psychologique essentiel dans sa condition. Un mouton, surtout âgée, ne survit pas à la dépression.
Les pathologies décrites dans cet article ne constituent à l'évidence pas une liste exhaustives des malheurs qui peuvent arriver à vos ovins, c'est seulement les plus courants. Tout comme pour les humains, la liste des maux dont l'animal peut être victime est quasi infinie: infections, pneumonies, fractures, intoxications, etc. En tout état de cause, la vaste majorité des patalogies ovines est détectable par un simple examen visuel. Il est donc important d'observer votre troupeau au quotidien, afin d'apprendre à le connaitre et déceler ainsi toute déviation dans le comportement ou l'aspect des sujets. Dans le doute, une prise de température peut également être un indicateur intéressant. La température normale des ovins varie entre 38.5°C et 39.5°C.